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6 juillet 2014 à 08:00

TRIATHLON FRANCFORT PAR LIONEL

par Lionel DOUAUD

RECIT FRANCFORT LIONEL

Je devais participer à l’Ironman de Francfort avec Nico et Flo en 2013, mais pour des raisons professionnelles, en pleins développement des commandes de vols du Falcon F5X, j’ai du décliner l’invitation, en me promettant d’y aller l’année suivante. L’enthousiasme et les récits de nos deux pionniers à Francfort n’ont fait que renforcer mon désir d’y participer. Et une semaine après la course, je m’inscris aussitôt. Il faut dire que les 3000 inscriptions partent très vite.

L’entrainement

La préparation a commencé dès le mois janvier par des sorties de vélo le samedi de 90 kms et de 20 kms à pied le dimanche en suivant la prépa d’un semi-marathon avec Pascal. Ce qui a permis d’arriver en fin mars avec une bonne base foncière. Mon programme de 14 semaines a été élaboré par mes 25 années d’expériences avec plus de 200 triathlons dont 4 Ironman, 10 triathlons XL et plus de 40 Half Ironman sans pratiquement aucune blessure! Mon programme est personnalisé en tenant compte de mon potentiel VMA , des temps visés par discipline, du profil de la course, de mes points faibles, de mes disponibilités, des vacances et des ponts du calendrier qui sont plutôt favorables cette année, tout comme la météo d’ailleurs. Mon point faible étant la natation, je décide de placer une séance natation par jour du lundi au vendredi. Les autres fondamentaux en vélo comme en course à pied sont une sortie longue, une à deux séances de qualité pour travailler la vélocité sur home-trainer et fractionné pour résister et élever le seuil d’acide lactique. Le volume doit augmenter progressivement de 5 à 10% par semaine avec une discipline dominante par semaine pour arriver à trois semaines de l’objectif à une distance pic équivalente à 2 Ironman et un volume horaire de 24h dans la semaine. Bien entendu, il faut être toujours à l’écoute de son organisme et ne pas hésiter à sauter une séance si les chronos régressent, signe de grosse fatigue. Je m’accorde aussi un à deux jours de repos ou récupération active par semaine, primordiale pour se régénérer, permettre la surcompensation et augmenter ainsi son potentiel. Les 2 dernières semaines sont consacrées à la régénération.

Une préparation Ironman est bien sûr contraignante, lourde et pesante à gérer où tout doit s’accorder que soit d’un point de vue professionnel et familial, mais durant cette prépa je n’ai pas eu de raz le bol ou pressé d’en finir. Le fait qu’on soit plusieurs à préparer un Ironman a l’avantage qu’on peut se retrouver pour les entrainements et il était plus facile de se lever à 6h30 le weekend

quand j’avais rendez vous avec Pascal. Chaque jour, chaque entrainement avait son importance pour arriver au meilleur état de forme le jour J. J’ai réalisé quatre courses de préparation, le duathlon longue distance de Douai fin avril, un mois après le stage, pour voir où j’en étais à la sortie de l’hiver. Mon niveau en course à pied est bon mais le rythme en vélo 34,5km/h reste encore à améliorer par rapport à mon objectif 36km/h de moyenne. Même constat sur le triathlon M de Bonneville, j’ai de l’endurance mais pas de vitesse. Je rajoute dans mon entrainement des séances de vélocité sur home trainer et j’oriente mes sorties longues de vélo avec plus de séries de vitesse. Des changements qui portent ses fruits, puisque ma moyenne est de 36,5km/h sur l’half Ironman de Mansigné. L’half Ironman de Deauville sera l’ultime répétition pour tester mes boissons, gels et gâteaux énergétiques, peaufiner les détails lors des transitions. Les sensations sont bonnes et j’ai su bien gérer en course à pied en me prenant de la marge pour ne pas taper dedans à trois semaines de Francfort.

Half IM de Deauville : 5h13, 19e place/980 (1e V2)

La logistique de course

Certains peuvent trouver les récits trop détaillés, mais j’étais bien content d’avoir les récits de Flo et Nico que J’ai lu et relu dans les moindres détails pour préparer ma logistique de course. Le choix d’un appartement plutôt qu’un hôtel pour pouvoir prendre les repas quand je veux surtout le petit déjeuner à 4h du matin. Arrivé le jeudi soir, je fais un petit footing, pour me dégourdir les jambes après 6 heures de route. Vendredi matin j »effectue une reconnaissance du site et du circuit vélo jusqu’à la première bosse. Francfort est une ville où se mélange des quartiers de business avec de haut building et des quartiers plus traditionnels typiques. Mais la sortie de la ville n’est pas très agréable avec la pollution des voitures qui ne sont pas encore interdites sur le parcours et les nombreuses traversées de ligne de tramways. Je sympathise avec des espagnols de Valence, que je lâcherais dans la première côte sans m’en apercevoir. Je finirais ma reconnaissance avec un gars de Sartrouville, que je reverrais d’ailleurs tout au long du parcours vélo le dimanche. Après une petite sieste, l’après midi est consacré à prendre le dossard, puce, sacs de transition et visite du village Expo.

Puis 16h30, briefing en français, où je devais retrouver David mais qui est pris dans des bouchons. Nous sommes une délégation de pratiquement trois cents français dont un couple de nordiste inscrits tous les deux avec qui je sympathise. Les organisateurs précisent que les vélos avec les sacs de transitions vélo et course à pied doivent être déposés avant 19h samedi dans le parc à vélo situé à 15km de Francfort. Il est préférable de prendre les navettes dès le samedi matin pour éviter des fils d’attente, ou de prendre sa voiture perso, car le parking est situé à 2kms. Sinon, les règles de courses sont très strictes et passible de carton rouge si on se fait prendre à jeter un papier ou uriner autre part que dans les biobox. Le drafting est sanctionné par un carton jaune, pénalité de 6mn d’arrêt à

effectuer dans la zone dédiée. En course à pied, un ravitaillement personnel ou donner par une personne extérieur est possible uniquement dans la zone qui se situe juste après le premier ravitaillement. Les navettes pour se rendre au plan d’eau dimanche matin, débute dès 4h30. Fin du briefing, toujours pas de David, je décide de rentrer pour regarder le match de la coupe de monde de football FRANCE – Allemagne. Je porte d’ailleurs fièrement le maillot de l’équipe de France dans les rues de Francfort et je reçois quelques encouragements de français et d’étrangers favorables à notre cause. La France a perdu, c’est peu être pas plus mal, ça m’évite de fanfaronner dans les bars…

Samedi matin 9h, direction la navette pour déposer le vélo et les sacs. Arrivé dans le parc, je suis impressionné par les vélos, c’est de la folie, il y en pas à moins de 10.000€, des machines de contre la montre et roues carbones tout neuf. J’ai presque honte de mettre mon Orbea carbone de six ans qui a quelques nions… La chaine est nettoyée, c’est le principal ! Et puis il sera recouvert d’une bâche Power Bar, comme tous les autres pour la nuit …

J’en profite après pour voir le plan d’eau et d’essayer la combinaison que m’a prêté Benoit, une Aquaman Gold. C’est vrai que ma combinaison date déjà de 14 ans acheté pour les championnats du Monde à Nice où si ma mémoire est bonne, c’est Cyrile Neveu organisateur de l’Alpe Huez qui l’avait emporté... Avec le temps, le néoprène commence à se détériorer et devenir poreux. Un test très simple consiste à jeter les combinaisons dans l’eau, la mienne à tendance à couler tandis que l’autre flotte totalement. Les sensations avec cette nouvelle combinaison sont bonnes, la flottaison est impressionnante et je n’ai aucune gêne au niveau des épaules. En rentrant, je tombe sur Arnaud Quemener, ancien membre de la section, avec qui j’avais fait l’Ironman de Nice en 2008. L’année dernière, il avait fait 10h10 et en mai dernier sur l’Ironman d’Hourtin, il réalisa 9h48. C‘est un candidat sérieux dans la catégorie de David. La navette pour le retour se fait attendre, d’autant que je dois rejoindre ma compagne qui vient d’arriver en train de Paris. Heureusement qu’il y a les portables… Je lui explique comment rejoindre le centre ville avec le tramway, en attendant… En arrivant dans le centre ville avec la navette, il y a désormais, une file d’attente de plus de 400m de triathlètes qui attendent avec leur vélo.

Débarrassé de toute cette logistique de course, c’est avec une petite heure de retard que je rejoins Begonia. Elle avait déjà repéré quelques restos traditionnels proposant des spécialités à base de saucisse et charcuterie en tout genre. On optera pour un resto avec des spécialités locales mais aussi des pates!!! Après manger, Begonia propose une visite de la ville, piétiner ne m’enchante guerre une veille d’Ironman… Une chance pour moi, il s’est mis rapidement à pleuvoir, ce qui nous a contraint à rentrer plus tôt que prévu à l’appartement, quel dommage… La fin de l’après midi sera consacré à une sieste. Je sais que certains de la section se seraient lâchés sur le sujet, fantasmant sur ce qu’on pourrait faire pendant une sieste la veille d’une course. Mais comme dit le président Hollande au sujet d’une affaire récente « Ma vie privée ne vous regarde pas ». En tout cas, moi président, je n’avais mis de de casque… Revenons à des choses plus terre à terre avec la préparation des boissons, gâteau énergétique, sacs natation et rechanges. Mes boissons sont un mélange de boisson isotonique et de malto enrichi en sodium et magnésium. Je donne aussi deux bouteilles à Begonia au cas où il ferait très chaud et qu’elle pourrait me donner pendant la course à pied. Je me couche vers 21h30, mais je n’ai pas sommeil, je me mémorise tout le déroulement de la course dans ces

moindres détails, chaque parcours, chaque transition, afin d’essayer d’optimiser les temps. Je suis confiant sur mon potentiel, mes derniers résultats sont plutôt bons, mais j’ai peur d’en avoir peut être trop fait et que le jour J ça ne réponde plus comme souhaité. Malgré mon expérience, j’avoue que ce stress n’était pas évident à gérer et il me faudra attendre 23h30 pour pouvoir déconnecter et m’endormir.

The Race

Réveil à 4h du matin, la nuit a été courte, mais j’ai fini par trouver le sommeil. Pour le petit déjeuné j’avale mon traditionnel bol de céréale, j’enchaine avec ma spécialité « les pates à la compote » avec du gâteau sport et accompagné de boissons isotonique. Avec cela, ça devrait me caler pour une partie de la journée ! 4h30 je prends ma voiture pour rejoindre les navettes. J’ai de la chance, je trouve une place de parking juste devant le départ. Dans le bus c’est le silence, jusqu’à ce qu’un groupe d’espagnol s’installe et se mette à piailler jusqu’à l’arrivée, certainement pour évacuer le stress. Passage au toilette avant qu’il ait la cohue, puis dépôts des gels et crème solaire dans le sac de transition. Je visualise l’emplacement et le trajet que j’aurais à effectuer pour rejoindre mon vélo. J’enlève la bâche recouvrant mon vélo qui est rempli d’eau et qui sera immédiatement ranger par les nombreux bénévoles qui nous assistent. Pour le gonflage du vélo, il y a des pompes à pied à disposition tous les 50m. Il n’y a vraiment rien à redire sur l’organisation. David qui a déjà mis sa combinaison vient me voir pour se rendre vers le départ natation. Le speaker demande à ce qu’on quitte le parc et qu’on porte notre sac de rechange dans les camions au plus vite.

Le départ des pros est à 7h, dans 15’ et nous 15’ plus tard, ce qui me donne largement le temps de gouter à l’eau et de faire quelques longueurs. Je regarde le départ des élites avec David, les cloches d’hell bells d’AC/DC résonnent dans un silence de plomb avant d’entendre le coup de pistolet libérateur sous les acclamations des 3000 pingouins et supporters. Entre David et moi, les stratégies diverges, il préfère partir à l’extérieur pour ne pas être dérangé, j’opte pour l’intérieur afin d’optimiser la trajectoire et avoir toujours en visu les bouées. On se donne rendez vous à l’arrivée.

Le scénario se répète nous libérant à notre tour. Dès le début, les sensations sont bonnes et je ne suis pas gêné, la combinaison est très agréable et ne pose aucune résistance pour bien allonger les bras. Le gros bidon jaune Power Bar qu’ils ont installé en face sur les hauteurs m’aide bien et contrôler ma trajectoire. Le retour se fera au début à l’aveugle avec le soleil de face, mais très vite j’arrive à discerner les bouées et recaler ma trajectoire. C‘est déjà le retour sur la plage après 2000m en 35.’ Des centaines de spectateurs amassés de chaque côté de la plage nous

encouragent avant de repartir sur la boucle de 1900m. Cette seconde portion est passé très vite, je sors de l’eau en 1h05’ à la 607e position, moyenne 1’41 / 100m.

Dès la sortie de l’eau, il faut monter une énorme butte de sable de 40m de haut pour prendre les sacs de transition puis aller sous la tente pour se changer. La combinaison s’enlève très facilement, Je me badigeonne de crème solaire (chose que j’aurais du aussi de faire avant la natation et que je n’ai pas fait). Je perds un peu de temps, 5’36 pour la transition, mais j’avais tellement été brûlé lors de l’Ironman de Nice que je préfère cette fois me protéger. Mon vélo est encore bien entouré par des machines de guerre, qui me faisaient croire que les mecs étaient aussi des tueurs, comme quoi ce n’est pas l’habit qui fait le moine ! Je prends mon vélo et cours pour sortir du parc avec mes chaussures de vélo aux pieds, pas très pratique, d’autant que le chemin est rempli de racines me faisant trébucher.

Rien de grave, je monte sur mon vélo et on rejoint Francfort par l’autoroute fermée à la circulation pour l’occasion. Cette première partie est très roulante, le compteur est callé sur 40km/h et pourtant je me fais encore doubler. Il faudra attendre la première bosse « The Beast » en sortie de la ville pour que je redouble d’énorme paquet de cycliste. Il faut dire que beaucoup ont mis des roues lenticulaires ou similaires qui sont lourdes et pas adaptées dans les côtes. Deuxième côte « The Hell » est une traversée d’un village entièrement pavé sur un kilomètre qui est vraiment désagréable, ça secoue de partout avec la peur de casser ou perdre quelque chose. Heureusement que cela ne dure pas trop longtemps. Puis c’est une succession de faux plats montants et descendants, où il faut envoyer du braquet. Arnaud, sorti de l’eau 5mn derrière moi, me double au 60e KM avec une telle différence de vitesse que je ne cherche même pas à le suivre. Je reste sur mon rythme sur lequel je m’étais fixé. Le dernier passage difficile du premier tour « Heartbreak hill » est une pente croissante sur plusieurs kilomètres où règne une ambiance de tour de France. Des milliers de personne sont là et où il faut se frayer un chemin. J’avale cela sans la moindre difficulté, doublant encore beaucoup de cyclistes. A la fin du premier tour, ma moyenne est un peu au dessus de ce que j’avais prévu, 36.5km/h, mais sans aucun signe de gêne ou de fatigue. Je bois régulièrement toutes les 10 mn et je mange un morceau de gâteau toutes les demi-heures. Dans le deuxième tour,

un vent de face viendra rendre un peu plus difficile tous ces faux plats montants que je n’avais pas trop remarqué au premier tour. Le soleil commence aussi à bien chauffer, mon GPS indique 31°C. Je regarde ma tenue pour vérifier qu’elle n’est pas blanchie par le sel, signe de déshydratation. Par précaution, je rajoute un peu de sodium et magnésium dans ma gourde située au niveau de mon prolongateur que je remplis régulièrement lors des ravitaillements. Je continue à doubler, toujours encouragé par les nombreux spectateurs sur le bord de la route, mais dans la dernière côte, je sens que mon coup de pédale commence à être moins efficace qu’au premier tour. Les dix derniers kilomètres sont en descente permettant de me relâcher un peu pour aborder la course à pied dans les meilleures conditions possibles. Je boucle les 180,2 Kms plutôt satisfait, en 5h03’ soit 35,8 km/h de moyenne. C’est 7mn de mieux que prévu !

Arrivée dans l’air de transition, je donne mon vélo à des bénévoles qui s’occupe de le ranger. Puis ayant repéré la veille, je vais sans hésitation sur l’emplacement de mon sac, puis direction la tente pour se changer. J’enfile avec la précipitation chaussette gauche pied droit, pas grave on continue, chaussures, ceinture porte bidon et gels, casquette et je m’enduis le visage et les épaules de crème solaire, le tout en 2’09 ! Dans les premiers mètres je sens une gêne au niveau des orteils à cause des chaussettes inversées, mais heureusement cela ne me provoquera pas d’échauffement. Au 2e km je croise Begonia qui me trouve pâle et me demande si je vais bien. Parti sur les bases de 4’30 au kilo, ça va même trop bien. C’est peut être la tartine de crème solaire sur le visage qui fait cet effet. Au niveau du pont pour changer de rive, au 3e km, Yann de Sartrouville me double en me lançant que certainement je le redoublerais au 30e KM. Au 5e KM, je passe avec plus d’une minute d’avance sur mes plans. Mon cardio affiche 142 pulsations, c’est 12 pulsations au dessus de ce que je m’étais fixé, mais étant dans la course, j’ai du mal à vouloir ralentir. Je boucle le premier tour de 10,6 km en 49mn soit encore 2mn de mieux que prévu. A l’entame du deuxième tour, la chaleur commence à me peser, j’ai beau à chaque ravitaillement, tous les 2 kms, m’asperger d’une éponge fraiche sur la tête et d’en caler une sur la nuque, je n’arrive pas à me refroidir, je sue énormément, ça me dégouline le long des bras. En un tour, j’ai bu mon bidon perso enrichi en sodium en plus des ravitos. En croisant Bego, je lui demande d’aller pour le prochain tour à l’emplacement autorisant de prendre les boissons perso. Mais je l’aurais bien pris tout de suite, il faudra tenir et je commence à appréhender les trois prochains tours d’autant que je n’ai pas pris de marge. Lors du passage du pont suivant, je

sens que mes cuisses qui commencent à se durcir, j’essaie de relancer dans la descente mais ma vitesse oscille désormais entre 5’ et 5’10. A chaque ravitaillement, je prends la moitié d’un gel avec un gobelet d’eau. De l’autre côté de la berge, coupé du vent, le soleil me semble encore taper plus fort, beaucoup commence à marcher et se font arroser intégralement. Pour ma part, j’évite cela et je préfère l’épongeage car avoir les pieds et le maillot trempés me sont très désagréable.

Je termine le deuxième tour et arrive au semi-marathon en 1h42, je suis exactement dans le temps de passage prévu. Au ravitaillement suivant, BB me donne ma boisson, en espérant qu’il ne soit pas trop tard pour me recharger en sels minéraux. Le pont suivant me parait être une montagne, sur la route je vois écrit « ALLER PAPA », je ne peux que penser à ma fille qui souhaite de tout coeur que je réussisse et que je ne veux pas décevoir. Je m’accroche à cette pensée pour ne pas lâcher. Puis soudain, ça va mieux, le ciel s’est couvert légèrement et j’arrive à prendre la foulée d’un autre coureur qui s’arrêtera au prochain ravitaillement. A partir du 25e km, je commence à vivre un véritable chemin de croix, j’ai beau me dire qu’il faut continuer à y croire, mais n’ayant pas pris de marge, quand le mur du 30e km arrive, j’ai les jambes tétanisées et je ne peux que constater impuissant sur mon GPS mes temps au kilo qui augmentent inexorablement et passent de 5’15, 5’30 puis 5’45. Pourtant, ma fréquence cardiaque n’est plus qu’à 120 pulsations. Au 33e km, je reprends une autre bouteille perso. Malheureusement ma potion magique ne produit pas tout à fait les effets escomptés. Mon billet pour Hawaï est en train de m’échapper, pire à ce rythme je ne descendrais même pas sous la barre des dix heures. Au 38e km je prends mon dernier chouchou, celui qui donne droit de tourner à droite sur Mainkaï et fouler le tapis rouge. Je ne me pose plus de questions, j’accélère, sachant que mes séances de seuils du vendredi doivent me permettent de supporter ce surplus de lactate pour tenir ces quatre derniers kilomètres. Je repasse sur les bases de 5’ au kilo, malgré la montée du dernier pont, je poursuis sur ce rythme. A 2km de l’arrivée, je regarde ma montre, 9h45’, je saute le dernier ravitaillement pour essayer de grappiller quelques secondes. Puis, un commissaire contrôle que j’ai bien les quatre chouchous et m’ouvre les portes vers l’arrivée. C’est une sensation de bonheur qui s’intensifie sous les acclamations de ces milliers de spectateurs et l’apparition de mon nom sur le portique d’arrivée annonçant mon temps 9h54’ 14 soit 40mn de mieux que mon ancien record. J’éclate de joie en recevant les félicitations d’une charmante jeune fille qui me remet ma médaille autour du cou. Ho la, ça pèse, c’est le genre de truc qui finit par t’achever, plié en deux, dans un moment de relâchement total. Je suis accompagné jusqu’à la zone réservée au athlète où je retrouve David. Il m’avouera qu’il a

trouvé lui aussi cela dur et que son temps de 9h43’ ne sera certainement pas suffisant pour la qualification dans sa catégorie d’âge pour Hawaï. Et ce n’est peut être pas plus mal car il ne se voit pas recommencer un tel effort dans trois mois. J’acquiesce en faisant le même constat. Après s’être réhydraté, je récupère mes affaires pour ensuite prendre une bonne douche, ça ira tout de suite beaucoup mieux. Au bout d’une petite demi-heure, je rejoignais Bégonia pour l’emmener à la gare pour qu’elle reprenne un train pour Paris 1h plus tard. Le timing avait été calculé serré... On a eu tout de même le temps de s’installer à une terrasse de café et de savourer une bonne bière bien mérité et portant fièrement mon tee-shirt Finisher et ma médaille. Une fois que BB fut partie, je retournai dans la zone athlète pour me restaurer et où je retrouve le couple de nordiste qui en a aussi fini. On refait la course tout en dégustant quelques bières et repas que nous proposa l’organisation. Puis un basque se joignit à nous, c’est l’occasion de parler des champions de France XL de 1997 qui s’était disputé à Saint Jean de Luz et où un certain Philippe Lie l’emporta. Et si ma mémoire ne me fait pas défaut c’est aussi lui qui avait emporté l’Embruman support des championnats d’Europe, l’année où j’y étais pour la première fois en 1993, déjà plus de 20ans… (Bon, je crois que cette fois j’ai réussi à endormir tout le monde)

Awards ceremony

Le lendemain midi je retrouve David et Karine devant les portes du parc Eissporthalle où se déroule la cérémonie. Ayant pris une place pour Bégonia qui n’a pas pu venir pour des raisons professionnelles, je la propose à Karine qui ne souhaitais pas entrer. Nous nous installons et mangeons différentes spécialités avec de la bière évidemment en attendant le début des remises des récompenses aux Elites mais aussi Groupe d’Age de ces championnats d’Europe. Sebastian Kienle qui gagne l’épreuve en moins de 8h (7h55 : nouveau record de sur cette épreuve) et Frederick Van Lierde 2e et vainqueur de l’Ironman d’Hawaï 2012 ainsi que Jan Frodeno 3e des derniers JO se prêtent très volontiers à une séance photo avec tous les triathlètes qui le désiraient. Nous avons ainsi pu échanger avec Van Lierde qui avait l’air d’être content de s’exprimer en français. Il nous expliquait, que pendant la course, il trouvait qu’il faisait aussi chaud qu’à Hawaï et qu’il fallait s’hydrater de la même façon. Kienle avait déjà 5mn d’avance en vélo et il n’a malheureusement pas faibli en course à pied.

Puis c’est l’allocation des 100 slots pour les championnats du Monde Ironman à Hawaï. Le nombre de slot est réparti selon le nombre d’engagé dans chaque catégorie d’âge. Dans ma catégorie 45/49 il

était initialement prévu 18 places, finalement ils en attribueront que 16. Ce qui ne fait pas mes affaires. Mais si dans les 16 premiers certains ne veulent pas y aller ou sont absents, ils prennent les suivants. C’est ainsi que le dernier pris dans ma catégorie fut le 21e. Terminant 31e sur 590, je ne suis qu’à 9mn de la qualif. Si on m’avait dit que je serais qu’à 9mn, j’aurais géré mon marathon différemment. En partant en 4’55 au lieu de 4’30 au kilo cela aurait été suffisant, soit 3h29 au lieu de 3h38. En partant moins vite, cela m’aurait laissé une marge pour mieux aborder le cap du 25e au 37e km. En tout cas, je suis convaincu que la qualification est possible mais il faut faire la course parfaite et non pas presque parfaite. Ça sera pour une prochaine fois, je ne suis pas pressé, le plus vieux qualifié avait 73 ans. Et si je me qualifie à cet âge, cela voudra dire que j’aurais conservé la santé, n’est ce pas là le principal.

Je voudrais terminer par remercier ma compagne et ma fille qui ont parfois subi les heures décalées dû à l’entrainement et qui m’ont soutenue durant toute cette aventure. Tous les membres de la section avec qui j’ai partagé les entrainements que ce soit en natation, vélo ou course à pied. Et en particulier Pascal qui me confessa que certains samedi matin, il partait la boule au ventre en vélo, peur de subir et être fracassé tout le samedi après midi. Je ne savais pas que je faisais aussi peur ! Mais il a bien progressé et je suis convaincu qu’il finira l’Embrunman, le 15 aout prochain. Enfin je remercie tous ceux qui m’ont encouragé pour cette course.

Lionel

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